Un appartement de rêve - épisode 3
"L'appartement de mes rêves" donne des envies à beaucoup d'entre vous. Chaque jour, deux requêtes Google m'amènent un certain nombre de visiteurs : "l'appartement de mes rêves" et "maigrir en mangeant Mc Do", avec toutes leurs variantes, bien évidemment.
Je passe aujourd'hui sur le régime et le Mc Do.
Mais, je m'interroge néanmoins sur l'intention qui anime les chercheurs de la première requête. Je veux dire, comment Google pourrait avoir le moindre début de commencement d'idée de ce que peut être la maison de TES rêves ?
Quoi qu'il en soit, j'ai encore quelques anecdotes à raconter concernant la recherche d'un appartement. Après en avoir parlé ici et ici, il est temps que je vous parle de la vraie fausse-bonne-idée : l'appartement sur plan.
L'idée est séduisante : tu achètes un tout nouvel appartement où ce que personne n'a encore habité (je devrais vraiment m'acheter un Bescherelle, moi). Tu le modèles exactement comme tu veux et tu pourras y vivre hyper longtemps !
D'abord, enlevons tout de suite l'une de tes premières illusions : tu ne le modèleras pas du tout comme tu en as envie. L'architecte, il est tout fier de son bébé, alors, les petits jeunes qui n'y connaissent rien, c'est pas eux qui vont lui dire comment dessiner ses plans, OK ? Toi, t'aimerais avoir une buanderie plus grande ? Ben, le gars, il ne veut pas entendre que ce qu'il a dessiné est soit trop grand (il y a beaucoup plus d'espace que celui exigé par les machines), soit trop petit (parce qu'il est aménagé de telle sorte que tu ne sais y mettre aucune armoire et n'y faire tenir aucune table à repasser). Qu'importe !! Lui, il SAIT pourquoi la buanderie est conçue ainsi. Toi pas !
Toi, tu aimerais une cuisine ouverte sur le salon mais dont tu peux fermer l'accès dans l'hypothèse (probable) où tu te reproduises ? Il n'en voit pas l'intérêt mais accepte la modification en échange d'une rémunération à l'heure où tu te dis que le gars, il doit manger du foie gras et du caviar à chaque repas !
Allez, j'exagère, parce qu'en fait, on n'est même jamais arrivés à ce stade-là de la négociation.
Cela avait bien commencé pourtant.
Le projet était beau. Vert. Un peu cher. A la limite de notre capacité financière pour tout dire. Mais, le jeu en valait la chandelle.
Premier RDV, impec. Les plans sont jolis. Le projet est composé de 5 bâtiments de maximum 3 étages pour laisser la lumière pénétrer le parc, commun et privé. Il faut une clé pour y accéder. Parfait pour nos enfants !
Nous choisissons l'appartement qui nous semble le mieux configuré (mais, on se dit quand même que le gars a du fumer un pétard avant de dessiner ses plans, parce qu'il y a des appartement où rien n'est pensé logiquement ! Soit.).
On se rêve dans l'appartement. On se projette. Le quartier est sympa. Mister Carouan le connaît, en tout cas. Les travaux ont commencé depuis quelques mois. Et, sur papier, la fin de ceux-ci est prévue pour début automne 2012. Parfait ! Bon, lors du RDV, on apprend que finalement, les travaux seront finis fin 2012. Qu'importe. Le projet a l'air trop génial pour se formaliser à si peu.
Nous faisons une offre.
Nous recevons le compromis. En bonne juriste, je le lis. Quelques passages me paraissent moyennement légaux, mais je fais du droit du travail, moi, pas du droit immobilier. Je le parcours donc vite-vite.
Au même moment, nous décidons, enfin, d'aller voir le site. Là, grosse surprise : à la place du chantier, se dresse une ancienne école à l'abandon. Les travaux auraient du débuter trois mois plus tôt. (Enfin, cinq mois plus tôt, mais il y a eu du retard, dixit l'agent immobilier). Sauf qu'on fait le tour et toutes les portes du bâtiment sont condamnées.
De deux choses l'une : soit les ouvriers sont arrivés par hélico avec leur matos et dorment sur place depuis trois mois, soit les travaux n'ont pas commencé et on se fout, un tout petit peu, de notre tronche.
Puis, l'agence nous appelle pour répondre à une de nos questions : non, on n'aura pas d'accès direct au jardin commun. Il faudra sortir de notre immeuble, faire le tour du pâté de maison, rentrer dans l'immeuble d'en face pour enfin accéder au jardin !
Entre temps, notre notaire prend connaissance du compromis et me dit "oh, ne vous inquiétez pas, vous êtes nos troisèmes clients qui signez un compromis sur ce projet. Je sais déjà où sont toutes les illégalités donc, je vais pouvoir en discuter très vite avec vous".
Comment ça "toutes les illégalités" ? Le gars, il sait que c'est illégal mais il le remet quand même ? Visiblement oui. Et ce d'autant plus qu'à l'agence, on nous a vivement conseillé de ne pas prendre notre propre notaire pour accélérer les choses ! Hum !
Dans la liste des illégalités, l'absence de dépôt d'une garantie de 5 % de la valeur du bien avant la réception définitive des travaux (cliquez ici pour plus d'infos en droit belge), l'indexation des prix en fonction du salaire des ouvriers et de la valeur des marchandises, sans limite, l'indemnité de retard pour les travaux ne sera payée qu'après 3 ans ! (au lieu des 18 mois prévus initialement), et j'en passe !
Finalement, on a abandonné le projet. Trop de risques, trop de trucs louches, trop de mensonges...
Dommage !